vendredi 19 avril 2024

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Conte de Noël

Pas de blog cette semaine, mais un conte de Noël de mon Rouergue natal…

Je vous souhaite un joyeux Noël, de très belles fêtes de fin d’année et vous donne rendez-vous le 13 janvier. OM

Un nadalet de la tata Manou
de l’abbé Bessou* (Extraits)

Très loin, là-haut, sur la montagne
Là où le soleil apparaît
Dans le sommeil qui le gagne
Un pastourel entend
Chanter dans la campagne
L’ange du Paradis
Comment se fait-il Dieu adorable
Que pour sauver l’homme perdu
Dans cette pauvre étable
Vous, si grand, soyez venu
Tout petit, tout aimable
Comme un nouveau-né !
Et la voix chantait joyeuse
« Réveillez-vous, vous les dormeurs
Pour faire sa cour royale
Au Roi que nous avons,
Tout le ciel descend
Et vous autres, vous dormez » !
Enfin Baptiste se réveille
Appelle Janet et Pierroton
Allume sa lanterne
Ouvre son placard
Et vite s’habille
Pour aller vers le Sauveur
Et dans leur manteau de laine
Tous les bergers enveloppés
Sortent de leur cabane
Leur brandon allumé
Et vont en caravane
Chercher le Roi de paix.
Dans une étable que voient-ils ?
Entre le boeuf et l’âne gris
Dans une crèche froide
Ils trouvent le petit
Pauvret !… et eurent envie
De lui voler un baiser !
« Votre enfant nous ravit l’âme
O belle vierge, laissez-nous
Notre amour le réclame
Nous vous prions à genoux.
Oh ! laissez-nous madame
Lui baiser les petits pieds.. »
La Vierge blanche et souriante
Comme l’étoile au firmament,
Son bébé leur présente
Si aimablement
Que chacun se contente
De tout son compliment.
Comme les bergers s’en retournent
Au milieu de lumières de paradis
Trois Rois arrivent
Chargés de leurs présents
Pour le Roi-Dieu-Homme ensemble
L’or, la myrrhe, et l’encens.
Toujours est-il que tous devons savoir
Que le Fils de Dieu est né
Pour le riche et pour le pauvre…
Et sitôt venu ce Dieu Sauveur,
Comme il est allé se cacher Lucifer – Bélzebuth !…
(.)
Chantez clochers
Chantez clochers et carillonnez cloches,
Faites tinter par en haut, par en bas,
Dans les prairies, les combes et les plaines
Faites tinter les joies de Noël
C’est donc vrai
Qu’un Dieu plein de pitié
Naît dans une étable
Pour les pauvres pécheurs !
Il vient d’en Haut, miraculeuse rosée,
Pleuvez nuages, le Juste d’Israël
Et toi, là-bas terre régénérée
Fais éclore la semence du Ciel !
Comme il y avait longtemps que tout vous désirait
Seigneur !… Le monde avait roulé bien bas ;
L’enfer riait quand la terre pleurait…
Tout vous attendait… jamais vous ne veniez !
Nuit de Noël… mille fois bénie,
Malgré l’hiver, la bise et la neige
Tu seras toujours d’étoiles enluminée
Sur toi, du ciel, s’est ouvert le rideau !
Il est minuit, chacun dans sa cabane
Pierre et Janet disaient, à moitié endormis
« Quel est ce chant qu’on entend dans la plaine ?
Quel est ce chant là-haut, qui lui répond ? »
Et dans la nuit toute pleine de joie
Les anges disaient aux bergers
« C’est un Sauveur que le Ciel vous envoie ! »
Et les bergers répondaient aux anges
C’est donc vrai
Qu’un Dieu plein de pitié
Naît dans une étable
Pour les pauvres pécheurs !
Des bergers, la foule se rapproche
De là-haut, d’en bas s’appellent de très loin
Venez ! allons voir cette nouvelle
De ce grand Roi né à Bethléem. »
On n’avait jamais vu rien de semblable
Le Fils de Dieu s’est fait petit enfant !
Dans une crèche, au fond d’une pauvre étable
Bergers et Rois trouvent leur Sauveur !
Qu’il est gracieux dans son berceau de paille !
Qu’il est aimable ce petit nouveau-né !
Dans ses yeux tout le ciel se regarde.
Que tout le ciel avec Lui soit venu !
Vierge-maman que Saint-Joseph assiste,
Que faites-vous avec votre petit !
Vous riez… vous pleurez !… tantôt joyeuse ou triste ?
Il est si beau… niais il est si petit !
Il fait si froid, qu’il tremble le pauvre l…
L’âne et le boeuf veulent le réchauffer
Mais leur haleine ne le réchauffe guère
Si notre amour pouvait lui tenir chaud !
Ses deux yeux ressemblent à des étoiles
Pour nous éclairer, descendues du Ciel
Ses deux pieds, ses deux menottes
Ressemblent aux fleurs de l’églantier
Pieds glacés, menottes engourdies,
Membres sacrés d’un Dieu, permettez-nous
De vous cueillir, fleurettes écloses,
De vous baiser, menottes petit pieds !
Chantez clochers et carillonnez cloches
Faites tinter de haut en bas
Dans les prairies, les champs et les plaines
Faites tinter la joie de Noël
C’est donc bien vrai
Qu’un Dieu plein de pitié
Soit né dans une étable
Pour les pauvres pécheurs !
(.)

* Curé aveyronnais, l’abbé Justin Bessou (1845-1918) est aussi un poète occitan. Il fut fait majoral du félibrige en 1903. Cette traduction française du nadalet de la tata Manou a été empruntée au site bateau-ivre.cultureforum.net.