jeudi 25 avril 2024

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La filière pomme espère la levée de l’embargo russe début août

La pomme était le produit à l’honneur de la 7ème édition de Medfel qui s’est tenue du 21 au 23 avril à Perpignan. A cette occasion, un débat a permis de faire le point sur les conséquences de l’embargo russe.

 « Nous étions à Istanbul, en train d’assister aux prévisions européennes de récoltes de pommes et de poires (Prognosfruit) quand l’annonce de l’embargo nous est parvenue » se souvient Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes-poires (ANPP). Une décision tellement brutale que des camions de poires en route vers la Russie ont du faire demi-tour. « La production européenne de pommes était estimée excédentaire de 1 million de tonnes, il restait 200 000 tonnes dans les frigos, et le marché russe absorbant traditionnellement 800 000 tonnes, nous nous sommes donc retrouvé avec un excédent de 2 millions de tonnes de pommes sur les bras » poursuit Daniel Sauvaitre. Il a donc fallu faire un effort sur les prix pour écouler toute cette marchandise. Ainsi, huit mois après, la situation est moins catastrophique qu’on ne pouvait le redouter. D’autant que l’embargo russe est « une vraie passoire ». Polonaises, serbes, espagnoles, les pommes européennes se trouvent facilement sur les marchés russes. Expert commercial sur la Russie travaillant pour Perlim, Jean-Louis Bounie dénonce « les méthodes de flibustiers » qui « moyennant beaucoup d’argent » facilitent l’entrée des pommes européennes en Russie. Un réseau a été démantelé il y a trois semaines et une vingtaine de douaniers sont en prison. Président de l’Association France-Russie pour l’agro-alimentaire (Afraa), Eric Guasch, qui se bat quotidiennement pour préserver le lien avec les opérateurs russes, préfère « remettre les choses dans un ordre légal » afin de « garder un cadre de discussion avec les autorités russes ». Quant à la fin de l’embargo, les trois débatteurs se veulent optimistes. Eric Guash rappelle que fin juillet, les pays de l’Union européenne doivent décider de reconduire ou non les sanctions contre la Russie. Contrairement à juillet 2014, il n’y a plus d’unanimité en faveur de la reconduction de ces sanctions. Des pays comme la Hongrie, Chypre et surtout la Grèce expriment leurs réticences. Or la décision devant être prise à l’unanimité, il suffit qu’un seul pays soit défaillant pour que les sanctions tombent. Et dans ce cas, la Russie n’aura plus de raisons de maintenir l’embargo. Mais la fin de l’embargo ne voudra pas dire une reprise immédiate des échanges. Beaucoup d’entreprises russes ont été pénalisées et fragilisées par la rupture du commerce. Et les sociétés européennes d’assurances crédits ne vont pas relever tout de suite la note de la Russie. En attendant, les discussions avec les autorités russes se poursuivent. Et une bonne nouvelle, la levée d’un embargo sanitaire, est attendue pour cette semaine, peut-être même aujourd’hui.