jeudi 28 mars 2024

Visiteurs : 824 245   

Coop de France et FCD jouent la carte du dialogue

Les coopératives agricoles et les enseignes de la grande distribution (celles réunies au sein de FCD) ont jeté les bases d’une nouvelle relation en signant le 23 septembre un accord cadre.

« Nous affirmons cette après-midi notre volonté de sortir de cette situation de conflit permanent » affirme Philippe Mangin, président de Coop de France en préambule à cette signature. « Pour nous c’est le début d’une histoire » renchérit Jacques Creyssel, président de FCD. On l’aura compris, les deux hommes ne comptent pas ménager leurs efforts pour vanter les mérites de cet accord cadre. Il est le fruit de travaux lancé depuis un an, depuis la création en octobre 2014 au Sial, en présence de Manuel Valls, du pôle agro-alimentaire de Coop de France. Des groupes de travail, composés de cadres des entreprises adhérentes aux deux fédérations, se sont mis en place. Ils ont constaté qu’il était de leur responsabilité « de trouver des leviers de création de valeur et de restauration de la confiance du consommateur ». Quatre sujets d’intérêt commun ont été retenu : renouveler la relation commerciale, rechercher toutes les synergies permettant d’améliorer la compétitivité des entreprises, déployer le développement durable et mobiliser les réseaux locaux. Ils seront les thèmes des travaux de l’année à venir. Des groupes de travail se réuniront tous les mois. Ils auront pour tâche de rédiger des guides de bonnes pratiques, de formuler des recommandations communes et d’initier des partenariats régionaux ciblant les produits coopératifs locaux. Les deux signataires sont toutefois lucides sur la difficulté de la tâche : « ce n’est pas cet accord qui va nous transporter dans un monde de Bisounours » constate Philippe Mangin. « Il faut regarder les bonnes et les mauvaises pratiques dans nos relations » ajoute Jacques Creyssel. Parmi les pratiques qui agacent, il y a celle des négociations annuelles. La veille de la signature de cet accord, Thierry Blandinière, directeur général du groupe In Vivo, présidé par Philippe Mangin, rendait compte des travaux d’un Think Tank qui a planché sur la compétitivité de la filière alimentaire française. Il s’est clairement prononcé pour l’arrêt des négociations annuelles. Elles n’ont « aucun sens ». « C’est une perte de temps poursuit-il. Il faut absolument rentrer dans une démarche de contrat pluriannuel ». « C’est un jeu à somme nulle, ajoute-t-il. Sauf qu’il y a des perdants à la fin. Arrêtons cela. Arrêter les négociations commerciales va donner de l’oxygène aux entreprises. Cela change la donne, y compris pour les grands groupes ». Cette proposition n’a pas soulevé un grand enthousiasme chez les deux signataires de l’accord. Pour Jacques Creyssel, « il ne faut pas changer la loi tous les jours. On change les règles du jeu en permanence. Il faut réfléchir aux évolutions du système, mais avec le plus grand pragmatisme. Quand on parle de négociations pluriannuelles, ce ne peut-être un modèle unique ». Pour Philippe Mangin, « cette prise de position n’est rien d’autre qu’un cri d’alarme contre un cadre réglementaire en perpétuel mouvement ». Bref, le temps de démonter les box de négociations n’est pas encore venu.