vendredi 29 mars 2024

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Le glyphosate rend-il fou ?

Je ne sais pas si le glyphosate est dangereux, mais il semble rendre fous ceux qui nous gouvernent.

Le 27 novembre, l’UE a finalement renouvelé l’autorisation du glyphosate pour 5 ans avec une majorité des plus courtes : il fallait que les « pour » représentent 65 % des Européens, la majorité a finalement été de 65,71 %. Quatre pays (la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie et l’Allemagne) qui jusqu’à présent s’étaient abstenus, ont voté en faveur du renouvellement. Mais c’est le vote allemand qui a attiré toute l’attention. Le ministre allemand de l’Agriculture aurait outrepassé son mandat. Sa collègue de l’Environnement a déclaré avoir « clairement établi [avec le ministre de l’Agriculture] que l’Allemagne, lors de la réunion du comité d’appel, devait s’abstenir ». Elle est SPD, lui est CSU (la CDU bavaroise), et ces deux partis tentent de reconstruire une coalition. C’est sans doute pour cela qu’Angela Merkel s’en est aussi mêlée. Le vote de son ministre « ne correspondait pas à la position sur laquelle le gouvernement s’était mis d’accord » a-t-elle affirmée. Le ministre de l’Agriculture a quant à lui déclaré : « J’ai pris la décision par moi-même et dans le cadre de mon domaine de compétence ministérielle ».

En France, le spectacle n’est guère plus réjouissant. Après des mois de cafouillages, où la France penchait tantôt pour 3, tantôt pour 4 ans, on aurait pu espérer que la décision de Bruxelles, ferme le dossier. Dès l’annonce du vote européen, Stéphane Travert, en déplacement dans la Marne, se déclare « heureux » du résultat. Patatras, un Twitt présidentiel vient gâcher ce bonheur : « J’ai demandé au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires pour que l’utilisation du glyphosate soit interdite en France dès que des alternatives auront été trouvées, et au plus tard dans 3 ans » écrit-il. Et voilà comment un président qui se proclame comme un ardent européen balaye d’un revers de clavier une décision prise démocratiquement, mais qui ne lui convient pas. Ce Twitt fera date, car en quelques mots, Macron jette aux orties ( il faudra s’habituer au purin d’orties…) deux engagements forts de sa campagne : l’engagement européen donc ; et celui de ne plus sur transposer de normes européennes. Et Stéphane Travert d’avaler une couleuvre supplémentaire (il faudra faire le compte du match d’avaleurs de couleuvres entre Travert et Hulot à la fin de ce ministère).

Risquons une hypothèse : et si toute cette agitation, en Allemagne comme en France, n’était que du cinéma. Les dirigeants savent qu’il n’y a pas, pour le moment, et pour longtemps, de solutions alternatives au glyphosate, et à d’autres molécules chimiques. Seulement il faut donner des gages aux populations, alors on fait semblant de se chamailler, on prend des postures, on fait des déclarations définitives et dans trois ans ou dans cinq ans, on verra bien ! OM

NB : le 1er décembre, mes ministres de l’Ecologie, de l’Agriculture, de la Santé et de l’Enseignement supérieur annoncent avoir reçu le rapport scientifique de l’Inra sur le glyphosate. Ce rapport « sera rendu public par l’Inra » annonce sobrement le communiqué des quatre ministres. Sans donner de date. D’habitude, un rapport est publié dès sa remise aux autorités. Pourquoi ce délai ?