jeudi 28 mars 2024

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Que d’eau, que d’eau !

Les inondations dans le Sud-Ouest reposent la question des retenues d’eau. Le Premier ministre a été, un peu, chahuté par des agriculteurs à son arrivée à Marmande. Et des acteurs économiques du Lot-et-Garonne de premiers plans prennent la parole.

« Il n’a fallut que 5h30 aujourd’hui pour que passe dans la Garonne à Tonneins l’équivalent des volumes nécessaires pour irriguer la totalité de l’Agriculture du département de Lot et Garonne pendant un an. On s’adapte? » écrit Jean-Luc Reigne, directeur de la coopérative Unicoque (noix et noisettes à la marque Koki), le 3 février sur son compte twitter. Que ce soit dans le Lot-et-Garonne, dans les deux Charente, dans d’autres départements du Sud-Ouest, les agriculteurs ont posté de nombreux messages qui ont tous le même sens. L’eau tombe en abondance, les rivières et les fleuves débordent, les inondations font de nombreux dégâts, et parfois des victimes. Puis c’est la décrue, l’eau s’écoule, s’en va, rejoint l’Océan ou la Mer, laissant derrière elle des trainées de boues. Et l’été prochain, il faudra restreindre, voire interdire, certains usages de l’eau. Les conflits sur l’usage de l’eau sont nombreux de Sivens dans le Tarn au lac de Caussade en Lot-et-Garonne, en passant par les Deux-Sèvres ou la Vienne, avec les projets de bassines, etc… Dans le Lot-et-Garonne justement, le Premier ministre a failli avoir un accueil mouvementé. La Coordination rurale, puissante dans ce département, a tenté d’empêcher son hélicoptère d’atterrir le 5 février à Marmande. La CR a obtenu un rendez-vous avec un conseiller pour évoquer notamment le dialogue difficile dans ce département avec l’Office français de la biodiversité sur le curage, ou plutôt le non-curage, des fossés et des ruisseaux. Toujours dans ce département, un groupe de 20 acteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire de premiers plans* ont publié une tribune dans la presse locale (LDPM du 7 février). Après avoir évoqué l’importance des débits de ces derniers jours, les signataires rappellent qu’« en 2020, pratiquement aucune autorisation de création de retenue n’a été délivrée sur le territoire du département. C’est la première année depuis 40 ans ». Les auteurs veulent défendre « une irrigation efficiente sur le plan économique, environnemental et sociétal qui intègre une gestion pluriannuelle du stockage de l’eau permet de faire des variations du climat un atout pour nos territoires ». « La forme du stockage n’est pas la question. Toutes les formes de stockage sont à étudier » du plus grand au plus petit ajoutent-ils. « Cultivons le pragmatisme, sortons des idéologies stériles et génératrices de conflits, prenons la responsabilité d’investir pour notre avenir régional, dans le développement équilibré de la ressource en eau » concluent les auteurs.
Avant de terminer, signalons que dans Le Figaro (4 février), l’ami Eric de la Chesnais rappelle utilement qu’à 200 kilomètres à l’est de Paris, dans la Marne, l’Aube, et la Nièvre, grâce aux agriculteurs, des terres agricoles servent de bassins de rétention pour limiter la montée de la Seine dans la capitale. Avec pour conséquences des pertes de rendements pour les prochaines récoltes. Et on ne leur dit pas toujours merci. OM

* les signataires de la tribune : Maître Prunille, Koki, Les Paysans de Rougeline – Valprim, Epi de Gascogne, Coufidou, Syngenta, Terres du Sud, Expalliance, Cadralbret, KWS, Terres du Sud, Vallée du Lot coopérative agricole, SES Vanderhave, CER France, VLDC Berticot et Graman, Interbio Nouvelle-Aquitaine, Crédit Agricole, Cuma de Lot-et-Garonne, Chambre d’agriculture de Lot-et-Garonne, La Coopération Agricole, ACMG.