jeudi 25 avril 2024

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Pesticides : un dossier de plus en plus ‘empoisonnant’

Les pouvoirs publics ne savent clairement plus comment se dépêtrer du dossier des pesticides. Après l’interdiction des néonicotinoïdes par les députés, malgré l’intervention courageuse de Stéphane Le Foll, l’affaire du Diméthoate vient donner un autre exemple des difficultés des pouvoirs publics, soucieux de ne pas aggraver la situation des agriculteurs, tout en faisant face à une opinion publique, encouragée par les ONG et de nombreux médias, de plus en plus hostiles au recours aux produits de synthèse.

Le Diméthoate, qui permet de lutter contre Drosophila Suziki sur les cerisiers est donc interdit, par l’Anses, en France depuis février dernier. Cette interdiction, purement nationale, fait peser un risque majeur sur la production à venir de cerises. Le ministre de l’Agriculture « conscient du risque de distorsion de concurrence pouvant peser sur nos producteurs » selon les termes du communiqué de la rue de Varenne, a saisi le 29 mars, la Commission européenne, selon la procédure d’urgence. Stéphane le Foll demande à la Commission l’interdiction immédiate de l’utilisation du Diméthoate sur les fruits et légumes dans toute l’Union européenne et l’interdiction, sur l’ensemble de l’UE, d’importer et de mettre en marché des cerises venant de pays dans lesquels l’utilisation du Diméthoate est permise. « L’utilisation par la France de la procédure d’urgence impose à la Commission de se prononcer dans les 7 jours. Dans l’éventualité́ où la Commission, à l’issue de ce délai, n’aurait pas répondu à la France, Stéphane Le Foll déclenchera une clause de sauvegarde nationale pour interdire la commercialisation en France de cerises traitées au Diméthoate qu’elles soient produites en France ou ailleurs dans le monde » conclut le communiqué du ministère. Mais les familiers de ces dossiers que nous avons interrogés voient mal comment la France seule pourrait interdire l’introduction sur son territoire des cerises en question. La Coordination rurale ne s’est d’ailleurs pas privée de dénoncer « l’imposture » du ministère de l’Agriculture. Le Foll a-t-il vraiment les moyens de mettre sa menace d’interdiction en pratique ? Où cette saisine de Bruxelles était juste une posture à la veille d’un congrès de la FNSEA qui s’annonçait (et qui a été) tendu pour le ministre ? Réponse cette semaine.