jeudi 18 avril 2024

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Fruits à la récré, une idée française, un échec français

Dans une « Note à destination du Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation » que nous avons pu consulter, Interfel fait le point sur le programme Fruits à la récré. 

Pour la période 2017-2023, l’Union européenne a alloué à la France un budget de plus de 210 millions d’euros pour 6 ans, soit plus de 35 millions d’euros annuels. Or, au 31 décembre 2018, la France n’avait consommé que 8 % de ce budget annuel soit environ 2,9 millions € (2,7 millions d’euros pour le volet fruits et légumes et 215 000 euros pour le volet lait et produits laitiers) » écrit l’Interprofession des fruits et légumes frais (lire aussi notre Blog du 8 mars). Pour expliquer ce qu’il faut bien appeler un échec français, Interfel dénonce « la lourdeur administrative du dispositif, les modifications répétées du programme et les modalités complexes de mise en œuvre du programme au niveau national ». Interfel détaille ensuite la liste des obstacles à la mise en œuvre du programme. Elle en recense 23 ! Cela va des portions préconisées pas toujours adaptées au profil des enfants, en passant par une liste de produits éligibles trop limitative, sans oublier les modalités de distribution trop restrictives ou encore la lourdeur des justificatifs demandés. Bref un inventaire du cauchemar administratif français. Interfel fait également des propositions à Julien Denormandie pour rendre le système performant. Propositions déjà faites à Stéphane le Foll, et à Didier Guillaume, et restées sans réponse. Ainsi, l’interprofession souhaite qu’une étude pour comparer la mise en place du programme dans différents Etats membres et identifier ainsi les bonnes pratiques à reproduire soit confiée au CGAER. Interfel propose par ailleurs de déléguer la mise en œuvre du programme aux Régions, d’adapter le programme aux contraintes tant des opérateurs économiques que des écoles, d’en simplifier la gestion administrative. Interfel souhaite également rendre possible qu’une partie des fonds soient, en cas de crise, réaffectée vers les familles défavorisées avec enfants sous la forme de « chèques fruits et légumes ». Enfin, l’interprofession renouvelle sa demande d’ouvrir les écoles au réseau de diététiciens de la filière 


Zoom sur le programme fruits à la récré en Europe
Selon la note d’Interfel, 9 pays de l’UE consomment la totalité de l’enveloppe Fruits à l’école, 10 pays en consomment entre 70 et 99 %, 6 pays entre 30 et 70 %, et seulement 2 pays, la Suède et la France, consomment moins de 10 % de ce budget (année scolaire 2017-2018). Rappelons que le Programme Fruits à l’école a été adopté par l’UE suite à une idée française et, notamment, aux travaux d’Interfel et d’Aprifel, dans le cadre d’EGEA.

Précision
Une petite erreur s’est glissée dans notre Blog du 8 mars. Les montants payés dans le cadre de l’année scolaire 2018/2019 pour le programme Fruits à la récré se sont élevés à près de 4 millions d’euros (sur 35 ME disponibles, et non 18) et non pas 1,5 ME comme indiqué. Ce dernier chiffre correspond au montant demandé par les opérateurs en 2019/2020 (1 366 643,27 euros très exactement). En revanche, le second chiffre (600 000 euros d’aides versées) est hélas bon. Le montant payé par la France en 2019-2020 pour le programme s’élève à 630 116,40€ (toujours sur 35 millions). Le reste est reparti à Bruxelles !!!
OM