jeudi 25 avril 2024

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Il faut alimenter la souveraineté alimentaire

Alors que le salon de l’agriculture vient de s’ouvrir, le monde paysan s’interroge sur l’ambition d’Emmanuel Macron, de son Gouvernement et de sa majorité, pour l’agriculture française.

Depuis le mois de mai dernier, le ministère de l’Agriculture est également celui de la Souveraineté alimentaire, à la grande satisfaction des organisations professionnelles, la FNSEA en premier lieu. Mais il y a loin des paroles aux actes. Et depuis ces mêmes dix derniers mois, il y a peu de signes positifs en provenance du pouvoir. Nous sommes même plutôt dans la « désagricultarisation » comme on a parlé de désindustrialisation. Le plaidoyer le plus sévère contre l’absence de politique agricole vient du cœur même de la macronie. Dans une interview accordée au Point, l’ex-député LREM (et anciennement éleveur et président de coop, désormais reconverti dans des activités de conseils) Jean-Baptiste Moreau se livre à un réquisitoire sans faiblesse contre la politique qu’il a soutenu pendant le premier quinquennat (lepoint.fr, 25 février). Extraits : « Si on ne trouve pas des solutions pour être attractifs, la production française va continuer à s’écrouler (.) Le mot de souveraineté n’a plus aucun sens aujourd’hui, puisque nous sommes dépendants pour la plupart des productions, et ça s’effondre partout ! On importe la moitié de nos fruits et légumes, la moitié de notre volaille (contre seulement 13 % en 2000 !), même les productions des grandes cultures dégringolent. La betterave à sucre a fait la une de l’actualité récemment, mais on risque de perdre l’entièreté de la filière ! ». L’ancien élu détaille par la suite les raisons de cette débandade, des raisons largement expliquées dans de nombreuses tribunes, et même, osons immodestement l’écrire, régulièrement dans ce Blog. On ne peut que regretter que cette lucidité ne se soit pas exprimée plus tôt.
Alors qu’attendre de ce salon ? Le Gouvernement est depuis ces derniers mois dans la réaction, et dans le soutien aux filières en détresse. Car, hélas, il y a de l’argent pour ‘accompagner’ la « désagricultarisation » du pays : soutien à la filière viti pour distiller, aides aux betteraviers pour compenser les pertes dues à l’interdiction des néonicotinoïdes, idem pour les producteurs de cerises dont les vergers vont devoir désormais subir les attaques de Drosophila suzukii sans aucuns moyens de défense. Le tableau est noir (lire aussi notre Blog du 6 février).
Des annonces sont attendues pendant ce salon. Et notamment avec le Plan de souveraineté fruits, légumes, et pommes de terre. La lecture de ce qui sera présenté par le ministre le 1er mars en sera très simple. Soit ce plan remplira les cases posées par la profession (lire Nouvelles Fraîches ci-après), soit non.
OM