samedi 27 avril 2024

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Et maintenant ?

Le Salon de l ‘Agriculture s’est terminé bien mieux qu’il n’avait commencé. Mais la colère agricole, en France et en Europe, est toujours très grande. Dans notre pays, les engagements de l’Etat, très nombreux, tardent à se concrétiser. Emmanuel Macron devrait réunir les filières à l’Elysée le 20 ou le 21 mars. Récit.

Prix plancher, chèque en bois ?
A l’occasion de sa visite mouvementée, Emmanuel Macron a pris plusieurs engagements, dont celui sur le prix plancher. Le Premier ministre a tenté de relativiser cette annonce en expliquant que « l’agriculture française, ça ne doit être ni l’URSS, ni le far west ». Et de préciser sa pensée : les « prix administrés fixés par l’État tirent tout le monde vers le bas comme en URSS » et qu’au far west, la « loi du marché seule faisait beaucoup de dégâts ». En réalité, personne ne sait comment ces prix planchers pourraient fonctionner. La presse n’a pas manqué de le relever. Extraits :

  • « Car, en réalité, Emmanuel Macron n’a lui-même pas la moindre idée de la forme que ces « prix planchers » – qui ressemblent furieusement à des prix administrés – pourrait prendre… » (lepoint.fr, 28 février) ;
  • « Agriculture : les prix planchers ont pris l’eau », (Les Echos, 29 février) ;
  • Agriculture : prix plancher, le miroir aux alouettes (Philippe Chalmin, Les Echos, 26 février).

Ce fut, malgré tout, un bon salon

La visite présidentielle a gâché la première journée. Le SIA n’a ouvert ses portes qu’en milieu de matinée, le Hall 1 a été fermé jusque vers 15h, et le 4 (celui des institutionnels) a été à son tour fermé en fin de journée. Si personne, ou presque, ne s’est exprimé ouvertement (respect de la fonction présidentielle), le choix, voire l’obstination, d’Emmanuel Macron a été critiqué. Une fois le premier samedi passé, le salon a repris ses droits. Certes, il y a eu quelques mouvements, quelques petites manifs, mai rien de bien inhabituel. Et les visiteurs ont été au rendez-vous. Le SIA a enregistré 603 652 visiteurs, soit un recul de moins de 2 % par rapport à l’an dernier, ce qui n’est rien pour une édition se déroulant en dehors des vacances parisiennes.

Les politiques très présents

En plein crise agricole, et à la veille d’élections européennes où la question agricole sera l’un des enjeux de la campagne, les délégations politiques ont été nombreuses : 83 visites d’élus ont été recensées par les organisateurs cette année, contre 52 en 2022.

Mais peu de ministres

Une question toutefois concerne la présence des ministres. Il semble que seuls les ministres directement concernés par les questions agricoles (Premier ministre, Agriculture, Economie, Environnement, …) aient visité le SIA. Selon nos informations, ‘consigne’ avait été donnée aux autres ministres de s’abstenir de venir Porte de Versailles afin d’éviter les éventuels mouvements de colère. Ainsi Rachida Dati (Culture) devait venir le vendredi pour remettre le certificat de l’Unesco sur l’inscription de la transhumance au patrimoine immatériel de l’Unesco. Elle n’a pas fait le déplacement, et c’est Christophe Béchu qui a remis ce certificat. Par ailleurs, les annonces des visites des délégations officielles avec le parcours de la personnalité n’étaient pas, pour la première fois depuis très longtemps, affichées en salle de presse.

Et maintenant ?

« Les braises sont brûlantes, rien n’est fini » a déclaré Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, au lendemain du Salon. Certes, depuis la fin janvier, l’Etat a multiplié les annonces. « Ce que nous avons obtenu en quelques semaines, il aurait fallu plus de 10 ans pour l’obtenir » reconnaissent en aparté les responsables professionnels. Seulement voilà, l’ensemble du dispositif est long à se mettre en place, et encore plus long à se traduire directement dans les cours des fermes. Le moment est d’autant plus critique que le printemps arrive et les travaux des champs vont prendre le dessus sur la mobilisation. Donc l’Etat doit faire vite. Gabriel Attal a une nouvelle fois reçu les syndicats agricoles lundi 11 mars. «On a le sentiment que ça n’avance pas. Entre les décisions et l’application, il y a trop de délais » regrettait Arnaud Rousseau (sur France Info) à l’issue de son rendez-vous avec le Premier ministre.

Rendez-vous à l’Elysée

Emmanuel Macron avait annoncé, le 24 février «un rendez-vous autour de moi, chez moi, dans trois semaines». Cette réunion devrait se tenir en milieu de semaine prochaine. Il reste à connaître le format retenu : uniquement les syndicats agricoles ? les filières (interpros) ? l’ensemble de la chaîne alimentaire ? A suivre.
Quant à la loi agricole qui s’intitule désormais « projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture », elle devrai être présentée le vendredi 29 mars (Vendredi Saint !) en Conseil des ministres. Et devrait être examiné à partir du 13 mai par l’Assemblée nationale.

A noter 

  • Jérôme Despey est le nouveau président du Salon de l’Agriculture. Il succède à Jean-Luc Poulain qui avait fait part de son souhait d’arrêter après 18 ans de présidence. Vigneron dans l’Hérault, est actuellement premier vice-président de la FNSEA, président de la Chambre d’agriculture de l’Hérault et président du conseil spécialisé filières viticole et cidricole de FranceAgriMer.